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  Du 1er au  30 avril 2005  

    

“Le drame de l’artiste est dans la part qu’il prend dans l’univers et l’univers de chaque individu c’est lui-même. (Pierre Molinier)

Quand l'oeil a vu, la bouche demande
( Bamoun : Cameroun )

 

Dire le désir, désir de dire

            Le livre consacré à la collection de Gérard  Nordmann est là pour rappeler combien vouloir rendre compte d'une partie, même fragmentaire de l'édition érotique et pornographique est une gageure; (il convient d'ailleurs de préciser qu'il semblerait que seules les pièces les plus "raisonnables" aient été retenues pour l'édition de cet ouvrage)

Pour s'en vouloir tenir aux époques moderne et contemporaine il apparait immédiatement que les productions imprimées pénètrent tous les lieux de débat : celui de la philosophie lorqu'elles posent d'abord directement, la question des libertés - publiques et privées - par la libre disposition des corps donc des esprits (morale parce niant toute évaluation marchande et religieuse), celui de la politique quand cette production est un défi aux instances de contrôle (des corps et des esprits), mais aussi subversion au sein des relations elles-mêmes (célébratoires et/ou négatrices, quand le prétexte est à trouver d'abord dans le refus des hiérarchies, fixes ou reversibles), celui enfin de l'idée même de figure humaine dans un sujet où tout n'est que déformation et recomposition dans un effort qui ne tolère que peu les points d'équilibre.

Citons Alain Corbin dans son "Histoire des corps" : "Mais un conflit de culture s'avive avec la Renaissance où le corps se singularise dans toute son autonomie. À quoi s'ajoute un intense travail de la modernité sur les frontières du soi, les pulsions, les désirs : contrôle des politesses et des sociabilités, polissage des violences, autosurveillance des gestes dans l'univers de l'intime".

A retracer, même succinctement, l’histoire de l’édition érotique et pornographique en occident (quand bien même nous présentons des textes de la littérature arabe) c’est  vérifier en quoi celle-ci a bien plus écrit  et amplifié les aventures des libertés individuelles et collectives qu’elle ne les a suivies, et ce indépendamment des hypocrites distinguos entre préciosité et vulgarité.

Ainsi trois entrées dessineraient des parcours possibles (que nous nous contentons de présenter brièvement comme autant de possibles sans les épuiser tous) :

  1) Philosophique :

    -Que peut un corps ? (Spinoza) Deleuze et Artaud affirment qu' au dela des organes se machine une mise en scène de forces vives, éprouvées du dedans, cinétique du désir, des agencements fluctuants.

     - Dans l'érotisme ne serait-ce pas le négatif qui l'emporte ? Des machines d'anéantissement considérées sous leur possible nature érotique ("De la guillotine considérée comme une machine célibataire") à l'affirmation littéraire qu'"Essentiellement le domaine de l'érotisme est le domaine de la violence, de la violation [...]. Le passage de l'état normal à celui de désir érotique suppose en nous la relative dissolution de l'être constitué dans l'ordre discontinu..." (Bataille, l'Erotisme)

Comment dire le sexe et penser sa représentation : gouffre et énigme, dans la littérature et au cinéma : Comme le déclare Linda Williams, professeure à Berkeley, qui a dirigé le livre «Porn Studies» : "La question centrale est celle de la représentation : comment figurer le plaisir sexuel ? C'est le fascinant défi que relève la pornographie, affirmant même que le porno (au cinéma) est [aussi] libérateur". Sade, dans une lettre au Cardinal de Bernis (tout au moins à lui attribuée par Sollers), écrite la vieille de son arrestation par le Comité de salut Public, faisait remarquer que l'emploi surabondant du mot "foutre" par certains sans-culottes (notamment dans le "Père Duchesne" de Hébert) n'aurait pour simple et implacable résultat, que la disparition de l'acte.

 2) Bibliophilique et bibliographique (une typologie) : telles pourraient alors être les têtes de chapitre d'une histoire de l'édition érotique ?

     -  L'illustration (classique ou contemporaine)
       - La censure et le moralisme ;
       - Les
amateurs : les bibliophiles ;
      - Les fétichistes (cf. la vogue actuelle du SM ou du latex contre les avantages duquel la chimie de synthèse s'avère impuissante) avec une tendance actuelle à une scénographie expiatoire qui, sur le mode de la psychanalyse, présupprime le vécu réel (liquidation de l'érotisme pronostique même Annie Lebrun) ;
     - Les martyrs : L'avocat Claude le Petit ("Sonnets luxurieux") brûlé en place de Grève à 23 ans en 1662 ;
     - L'apport de la photographie et du cinéma  (en exemple : le recyclage du "Bijou indiscret" de Diderot);
    - Les genres, le singulier, les multiples : Onan , Pierre Molinier

     - Les lieux : la chambre certes mais aussi le bordel (Romi et son histoire toute ethnologique des maisons closes, dont le coffret contenant l'ouvrage était lui-même muni d'un dispositif d'ouverture à clef) ;
     - l'Educ
ation  : Sade, Pierre-Louÿs, Apollinaire encore avec ses lettres à Madeleine Pagès aujourd'hui republiées dans leur intégralité par Gallimard où "le poète s'il confirme ce que nous savons qu’il est, il s’y révèle aussi un grandiose manipulateur, un séducteur à distance qu’on dirait tout droit sorti de chez Laclos, et qui n’a de cesse de faire chuter une vierge captive dans l’univers enivrant de la chair, tout en faisant aussi son éducation artistique et littéraire."
"La progression des lettres est un formidable manuel du savoir-séduire. Combien de fois Apollinaire, se faisant suppliant ou magistral, prie-t-il Madeleine d’être elle-même, d’écouter ses désirs, son corps et de lui en faire part, par écrit". Ph. Claudel)
     - La soumission ;
    - Les éditeurs (par exemple Jean-jacques Pauvert et sa première édition des Oeuvres Complètes du Marquis - avec mention et adresse de l'éditeur), les libraires comme Gustave Lehec à laquelle Apollinaire a consacré tout un chapitre dan
s Le Flâneur des deux rives;
     - L'érotisme et son traitement ( du plus élliptique au  pur "gynécoscopique") ;
     - Un cas à part : l'humour et son rôle (à titre d'exemple Pierre-Louys) - avec, encore en écho, G. Bataille : "L'amour n'est-il pas, à la fin, d'autant plus angoissant qu'il prête à rire" sans omettre Jarry et son "Surmâle"
         

      - Les Enfers (voir le travail d'Apollinaire ou de Pascal Pia).

 3) Historique, sociologique, politique :

De l'Arétin à Jean-Jacques Pauvert aujourd'hui en passant par Sade et son pari de la totalité, les chamboulements du "Contrat" conjugal par Sacher-Masoch ou Pierre-Louys, les détournements des « comics » issus de la culture populaire en petits livrets pornographiques vendus sous le manteau par les chômeurs américains victimes de la grande dépression, la circulation du désir qui, chez Jean Genet, délace les étreintes d'aliénations ubiques et transversales qui de l'homosexuel au voleur ou au palestinien de Chatila multiplient les minoritaires ou encore la mise en acte artistique, des théories freudiennes par le surréalisme pour agiter la beauté et en révéler son évidente dimension convulsive (1) , la récupération de publicités marchandes, "pulps" ou encore de photos de "magazines masculins" pour l’apologie de la débauche par les situationnistes ("Vivre sans temps mort, jouir sans entrave") jusqu'à aujourd'hui qui voit s'affronter les féministes sur la condamnation ou la défense de la pornographie.

 Ou, en toute lucidité, considérer que ce sujet les contient tous.

(1) A. Breton, "La beauté sera convulsive", Minotaure, n° 5, 1934.  

Dal 1° al  30 aprile 2005

"Il dramma dell'artista è nella parte che prende nell'universo e l'universo di ogni individuo è lui stesso ." (Pierre Molinier)

Quando l'occhio ha visto, la bocca chiede (Bamoun: Camerun)

Esprimere il desiderio, desiderare di esprimersi

Il libro dedicato alla raccolta di Gérard Nordmann è qui per tenere presente fino a che punto sia una sfida tentare di spiegare una parte anche frammentaria dell'edizione erotica e pornografica. (occorre precisare del resto che sembrerebbe che soltanto le parti più "ragionevoli" siano state tenute per l'edizione di questo lavoro)

 

Se ci atteniamo all’era moderna e contemporanea salta agli occhi immediatamente che le produzioni stampate penetrano tutti i luoghi di dibattito: innanzi tutto quello della filosofia quando pongono, inizialmente direttamente, la questione delle libertà - pubbliche e private -, attraverso la libera disposizione dei corpi dunque degli spiriti (morale poiché nega ogni valutazione commerciale e religiosa), quella della politica quando questa produzione è una sfida alle istanze di controllo (dei corpi e degli spiriti), ma anche sovversione in seno alle relazioni stesse (di celebrazione e/o di negazione, quando il pretesto è da trovare innanzi tutto nel rifiuto delle gerarchie, fisse o reversibili), o anche quella infine dell'idea di figura umana in un argomento in cui tutto è soltanto deformazione e ricomposizione in uno sforzo che tollera molto poco i punti d'equilibrio.

Citiamo Alain Corbin nella sua "Storia dei corpi" :"Ma un conflitto di cultura si ravviva con il Rinascimento, quando il corpo si distingue in tutta la sua autonomia." Al che si aggiunge un intenso lavoro della modernità sulle frontiere del sé, sulle pulsioni e i desideri : un controllo della cortesia e della socievolezza, un alleggerimento delle violenze, un monitoraggio dei gesti nell'universo dell'intimo ".

Illustrare, almeno succintamente, la storia dell'edizione erotica e pornografica in occidente (anche se presentiamo anche testi della letteratura araba) significa verificare in che cosa questa abbia scritto ed amplificato maggiormente le avventure delle libertà individuali e collettive rispetto a quanto non le abbia seguite, e ciò indipendentemente dagli ipocriti distinguo tra raffinatezze e volgarità.

Quindi sono gli ingressi che tracciano dei possibili percorsi (che ci accontentiamo di presentare brevemente come altrettante possibilità che non le esauriscono tutte) :

   1) Filosofico:

      - Cosa può un corpo? (Spinoza), Deleuze, Artaud: al di là degli organi si tesse una messa in scena di forze vitali, provate dall'interno, una cinetica del desiderio, delle concatenazioni fluttuanti.

       - Nell'erotismo non è forse il negativo che ha la meglio? Dalle macchine di distruzione considerate sotto la loro possibile natura erotica (la ghigliottina considerata come arnese del celibato) alla dichiarazione letteraria che "principalmente il settore dell'erotismo è il settore della violenza, della violazione (...). Il passaggio dallo stato normale a quello di desiderio erotico presuppone in  noi la dissoluzione relativa di essere costituito nell'ordine discontinuo" (Bataille, l'Erotisme)

Come esprimere il sesso e pensare la sua rappresentazione: baratro ed enigma, nella letteratura ed al cinema: come dichiara Linda Williams, professoressa a Berkeley, che ha diretto il libro "Porn Studies" : "La questione centrale è quella della rappresentazione : come esporre il piacere sessuale? È l’affascinante sfida raccolta dalla pornografia, che afferma inoltre che il porno (al cinema) è (anche) liberatorio". Sade, in una lettera al cardinale de Bernis, (attribuita a lui da Sollers), scritta la veglia del suo arresto da parte del Comitato di Salute pubblica, faceva osservare che l'uso sovrabbondante della parola "fottere" da parte di alcuni sans-culottes (in particolare nel “Père Duchesse” di Hebert) avrebbe avuto come semplice ed implacabile risultato soltanto la scomparsa dell'atto.

 2) Bibliofila e bibliografica (una tipologia): potrebbero essere tali le intestazioni dei capitoli d'una storia dell'edizione erotica?

    - L'illustrazione ;

    - La censura ed il moralismo ;

    - I dilettanti: i bibliofili ;

    - I feticisti (cfr.la moda attuale del SM) con una tendenza attuale ad una scenografia espiatoria che, sullo schema della psicanalisi, pre-sopprime il vissuto reale (liquidazione dell'Erotismo, pronostica la stessa Annie Lebrun) ;

   - I martiri: l'avvocato Claude Le Petit ("Sonnets luxurieux") bruciato in Place de Grêve a 23 anni, nel 1662 ;

    - Il contributo della fotografia e del cinema (per esempio: il riciclaggio del "Gioiello indiscreto" di Diderot) ;

    - I generi : Onan...

    - I luoghi : certamente la camera da letto ma anche il bordello (Romi e la sua storia tutta etnologica delle case chiuse, cosi comedi cui il cofanetto che conteneva l’opera, che era fornito di un sistema d'apertura a chiave)

    - L'Educazione : Sade, Pierre-Louys, Apollinaire ancora con le sue lettere a Madeleine Pagès oggi ristampate nella loro integrità da Gallimard, in cui "il poeta, se da un lato conferma ciò che sappiamo che è, dall’altro si rivela anche un grandioso manipolatore, un seduttore a distanza che sembrerebbe direttamente uscito da Laclos, e che non si stanca mai di far cadere prigioniera una vergine nell'universo inebriante della carne, occupandosi anche della sua istruzione artistica e letteraria."

"La progressione delle lettere è un formidabile manuale dell’arte di sedurre. Quante volte Apollinaire, che si fa di volta in volta supplichevole o magistrale, prega Madeleine di essere se stessa, di ascoltare i suoi desideri, il suo corpo, e di metterlo a parte di ciò, per iscritto ".(Ph. Claudel)

    - La sottomissione (Sacher);

   -Gli editori (ad esempio Jean-Jacques Pauvert e la sua prima edizione delle opere complete del Marchese - con menzione ed indirizzo dell'editore), i librai come Gustave Lehec al quale Apollinaire ha dedicato tutto uno capitolo del Flâneur des deux rives ;

    - L'erotismo ed il suo trattamento (dal più ellittico al più "ginecoscopico");

    - Un caso a parte : l'umore ed il suo ruolo  (a titolo di esempio Pierre-Louys) – a cui fa eco Bataille : "L'amore, forse, non affligge più di quanto faccia ridere", senza dimenticare Alfred Jarry e il suo "Surmâle"

    - Gli Inferni (vedere il lavoro di Apollinaire o di Pascal Pia)

  3) Storica, sociologico, politico :

Dall'Aretino a Jean-Jacques Pauvert oggi, passando per la scommessa totale di Sade, le capriole del "Contratto" coniugale di Sacher-Masoch o di quello di Pierre-Louys, le giravolte dei "comics" derivati dalla cultura popolare in piccoli opuscoli pornografiche venduti sotto il mantello dai disoccupati americani vittime della grande depressione, la circolazione del desiderio che, in Jean Genet, slaccia le pressioni di alienazioni ubiche e trasversale che dal omosessuale al ladro e al palestino moltiplicano i minoritari o ancora la messa in atto artistica, delle teorie di Freud per il surrealismo per agitare la bellezza e rivelarne la sua ovvia dimensione convulsiva,  il recupero di pubblicità commerciali, pulp, o ancora foto di "riviste maschili" per l'apologia della sfrenatezza da parte dei situazionisti ("Vivere senza tempi morti, godere senza ostacoli") fino al giorno d’oggi che vede affrontarsi le femministe sulla condanna o la difesa della pornografia.

    O, in piena lucidità, considerare che quest'argomento li contiene tutti.

   trad. Paola Micalizzi

Dire le désir, désir de dire

Eros invaincu

Exposition à la BNF

Ouvrages exposés

Bibliographie sélective


  

Hommage à Artaud

 

  Deleuze & Guattari

 

 

 

Foutre, foutre, foutre, nom de dieu

(Le Père Duchesne)

 

 

 

    Dominique Desrue

www.dominiquedesrue.com
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Bourdelle

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L'humour de

Pierre-Louys (plus)

 

 

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Dire le désir, désir de dire

Eros invaincu

Exposition à la BNF

Bibliographie sélective