18.10.03 via Banchi nuovi, 6 à Rome
(Entrée libre) jusqu'au 30 novembre 2003.
Luisa Gardini-Benoît Gréan
Exposition du 20/03 au 18/04 2004
Pour définir la poésie française contemporaine, pourquoi ne pas citer deux définitions que l'on doit pour la première à Jean-Marie Barnaud : "une veille du langage" et pour la seconde à Pierre Alferi : "un état singulier".
Pour résumer : une Fonction et un Etat qui seraient les constituants de sa validité, de sa légitimité et par-delà, de sa nécessité.
La poésie française s'était, dans les années 70, scindée en deux camps après le réveil assené par les poètes issus du structuralisme, de l'Oulipo ou de la poésie sonore. D'un côté, les tenants de la poésie lyrique, de l'autre ceux qui mettaient à la question leur outil même: le langage.
Entre ces deux "blocs" beaucoup ont écrit. Benoît Gréan est de ceux-là, en se situant dans ce qui peut-être fait l'originalité de la poésie française contemporaine, depuis que l'écriture poétique, dans sa remise en cause des formes (Rimbaud, Mallarmé, Apollinaire...) s'est progressivement éloignée ou défiée de la notion de chant et de lyrisme qui sont souvent les caractéristiques premières de la définition de poésie.
Veille
et éveil sont étroitement mêlés dans l'écriture
de Benoît Gréan : le dispositif, qui s'intensifie dans ses productions
récentes, réside dans une langue sans cesse "énergisée"
par l'instillation électrique de mots et de rythmes qui déséquilibrent
et créent cet état singulier qu'évoque Alferi.
Sa collaboration avec l'artiste italienne Luisa Gardini participe d'une démarche
qui, semblable en cela à tout un courant actuel de la pratique artistique,
cherche la compénétration des mots, des gestes, des formes dans
la rencontre interdisciplinaire comme si, dorénavant, il fallait, par-delà
la seule émotion, dans un monde fragmenté, résister par
la multiplication des lignes.
Entretien avec Benoît
Gréan
- On a coutume de parler, à propos de la poésie
française, d'archipels : lyrique, moderne, du quotidien, de la poésie
sonore... D'abord que pensez-vous de cette approche et vous reconnaissez-vous
des proximités?
B.G. : Des revues d'obédiences variées
acceptent mes textes, mon éditrice aime à me définir
inclassable ; je crois tracer ma propre voie, d'ailleurs sans prétendre
que l'on me suive.
- On semble percevoir dans l'avancée de votre écriture
un durcissement, de la syntaxe et du vocabulaire, est-ce réel ?
Durcissement, oui, effacement aussi; confusion de la chose et du mot,
anéantissement de l'un par l'autre; "l'emportement du muet",
voilà sans doute un titre que j'envie.
- Il y a dans votre poésie un maillage par le corps et
la musique et son vocabulaire (que vous avez étudié d'ailleurs)
et ceci depuis le poème Avril jusqu'à vos travaux
plus récents, quelle en est la signification ?
Plutôt que la mélodie (je me situerais aux antipodes du lyrisme,
les très rares concessions sont de pure ironie), c'est le passage de
la dissonance au silence qui m'intéresse, l'instant où la difficulté
d'être se fige dans la mort et s'y résorbe, point d'orgue ou
temps d'arrêt que cependant prolonge et dépasse une basse continue.
- Ces corps semblent toujours souffrir, de leur condition mais
aussi de leurs organes-mêmes...
...corps ambigus, lancinants, déhiscents, ce qui n'exclut pas l'humour,
rien de tragique en cela, souffrants peut-être, mais joyeusement !
- A ces masses que sont les corps répondent des volumes
et des éléments : objets, villes qui semblent des contrepoints
plastiques ; cela donne une pulsation et crée de l'inconfort (qui semble
explicitement revendiqué)...
...Une esthétique, oui, mais de la surprise et de la violence.
Le repos sur un siège en pente, à la rigueur un strapontin.
Ethique, s'il en est, de l'inquiétude et de l'inconfort.
- Je lis vos poèmes, cela vous surprend-il, comme autant
de programmes...
...ou de propositions, constructions, déconstructions, goût
de l'échafaudage plutôt que du bâti, du funambule plus
que de l'architecte.
- Luisa Gardini illustre vos travaux et semble même s'en
inspirer pour son travail plastique, pourriez-vous brièvement nous
parler de cette collaboration ?
Plus qu'illustrer je dirais ponctuer ; cette collaboration (une bénédiction,
l'oeuvre de Luisa Gardini est une des plus solides qui soient), permet au
mot d'aboutir. Vous parliez tout à l'heure de proximité, celle-ci
je la reconnais volontiers. Immodestement,
j'affirmerais que mon travail trouve son accomplissement en celui de Luisa.
Son geste même sur la matière est celui que je quête dans
l'écriture, mais je suis maladroit de mes mains, c'est à dire
que je reste outrancièrement lisible. Il s'agit encore, vous l'avez
dit aussi, de multiplier les lignes. Ou jeter le masque jusqu'à l'os,
brouiller l'image et lancer le trait.
(propos recueillis par Cythère critique /mars 2004)
-------------------------------------------------------
Eléments biographiques
Née à Ravenne, Luisa Gardini, élève à Rome dans les années 60 de Toti Scialoja, privilégie la matière et le geste. Vit et travaille à Rome.
Né à Strasbourg, Benoît Gréan voyage lentement: après neuf ans à New-York, il s'installe à Rome en 1994.
En collaboration, ils ont publié trois livres: Erres (1996) puis, aux éditions Atelier de l'Agneau, Mai (2001) et Monstres tièdes (2003), ainsi qu'une affiche pour ce dernier; divers travaux en revues (Offerta Speciale n°32, Marge 707 n°00), des livres-objets...
Commander le catalogue (13 pp. / 21 x 14) [illustrés / photos N&B / Couleurs] 12 € |
Per definire la poesia francese contemporanea, perché non citare due
definizioni ?
La prima si deve a Jean-Marie Barnaud : "Una veglia del linguaggio",
la seconda a Pierre Alferi : "Un stato singolare". Riassumendo :
una Funzione e un Essere che sarebbero i pilastri della validità ,
dellla sua legittimità e al di là della sua necessità.
La poesia francese, negli anni 70', si era scissa in due campi dopo il risveglio
brutalmente operato dai poeti usciti dallo strutturalismo, dall'Oulipo o dalla
Poesia sonora. Da un lato i seguaci della poesia lirica, dall'altro coloro
che mettevano in discussione il loro stesso strumento : il linguaggio.
Molti hanno scritto tra questi due blocchi. Benoît Gréan è tra questi, situandosi in quel campo che forse rende originale la poesia francese di oggi, da quando la scrittura poetica, nel suo rimettere in causa le forme (Rimbaud, Mallarmé, Apollinaire...) si è progressivamente allontanata o ha diffidato della nozione di canto e lirismo che spesso sono le prime caratteristiche della definizione di poesia.
Veglia e risveglio sono strettamente accomunati nella scrittura di B.G. :
il dispositivo che si intensifica nelle sue recenti produzioni, risiede in
una lingua "energizzata" continuamente dall'instillazione elettrica
da parole e ritmi che squilibrano e creano questo stato singolare che evoca
Alferi.
La sua collaborazione con l'artista italiana Luisa Gardini fa parte di una
pratica che, simile in cio' a tutta una corrente attuale dell'attività
artistica, cerca la compenetrazione di parole, di gesti, di forme nell'incontro
interdisciplinare come se, d'ora in poi, bisognasse, al di là della
sola emozione, resistere, in un mondo frammentato, con la moltiplicazione
di linee.
Colloquio con Benoît
Gréan
- E' abitudine parlare, a proposito di poesia francese, di arcipelaghi
: lirismo, modernismo, poesia del quotidiano, poesia sonora... Prima di tutto,
cosa pensa di questo approccio e riconosce delle affinità ?
B.G. : Riviste di tendenze diverse accettano i miei testi, la mia editrice
ama definirmi inclassificabile ; io credo di tracciare la mia strada, del
resto senza pretendere di essere seguito.
- Sembra di percepire un indurimento nel procedere della sua
scrittura, della sintassi e del vocabolario, è vero ?
Indurimento, si, rarefazione anche ; confusione della cosa e della parola,
annientamento dell'uno da parte dell'altro ; "L'emportement du muet",
ecco un titolo, senza dubbio, che invidio.
- C'è, nella sua poesia, un intreccio tra il corpo e la
musica ed il suo vocabolario (che d'altronde lei ha studiato) e tutto questo
dalla poesia Avril fino ai suoi lavori più recenti,
quale ne è il significato ?
Più che la melodia (io mi situerei agli antipodi del lirismo, le
rarissime concessioni sono di pura ironia), è il passaggio dalla dissonanza
al silenzio che mi interessa, l'istante in cui la difficoltà di essere
si coagula nella morte e vi si riassorbe, "point d'orgue" o battuta
d'arresto che tuttavia prolunga e supera un basso continuo.
- Questi corpi sembrano sempre soffrire delle loro condizioni
ma anche dei loro stessi organi..
...corpi ambigui, lancinanti, spalancati, cosa che non esclude lo humour,
nulla di tragico in questo, forse sofferenti ma gioiosamente !
- A queste masse che sono i corpi rispondono volumi ed elementi
: oggetti, città che sembrano contrappunti plastici : tutto ciò
da una pulsazione e crea dell' "inconfort" (che sembra rivendicato
esplicitamente)...
...un'estetica, certo, ma della sorpresa e della violenza. Il riposo su
una sedia instabile, al limite uno strapuntino. Etica, se c'è, dell'inquietudine
e dell' "inconfort".
-Io leggo le sue poesie, questo la sorprenderà, come tanti programmi...
... o proposizioni, costruzioni, decostruzioni, gusto dell'impalcatura
più che del costruito, del funambolo più che dell'architetto.
- Luisa Gardini illustra i suoi lavori e sembra anche ispirarsene
per la sua attività plastica : può parlarci brevemente di questa
collaborazione ?
Più che illustrare, io direi sottolineare ; questa collaborazione
(una benedizione, l'opera di Luisa è delle più solide che esistano)
permette alla parola di arrivare fino in fondo. Ha parlato poco fa di prossimità
e la riconosco volentieri in questo caso. Senza falsa modestia, affermerei
che il mio lavoro trova il suo compimento in quello di Luisa. Il suo stesso
gesto sulla materia è quello che io cerco nella scrittura, ma le mie
mani sono goffe, cioè resto esageramente leggibile. Si tratta ancora,
come lei già ha detto, di moltiplicare le linee. O gettare la maschera
fino all'osso, confondere l'immagine e scoccare il dardo /il tratto.
(Intervista : Cythère critique /Marzo 2004)
----------------------------------------------------
Nullo die sine linea (Luisa Gardini)
(24 X 18) / 1999
Senza titolo (mista su tela)
Faux pas (rivista RBL /2001)
Collage / 2003
Monstres tièdes
(RBL / 2001)
35 x 25 / 1994 -Senza titolo - tecnica mista su tela
Faux pas ( RBL /2001)
40 x 30 / 2001
Senza titolo -
tecnica mista su tela