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Paris

Des villes européennes en pleine effervescence urbaine

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Milan mais aussi Birmingham, Barcelone ou Oslo affichent de grands projets contemporains.

Par Elisabeth LEBOVICI
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lundi 13 décembre 2004 (Liberation - 06:00)
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un chapiteau de cirque multicolore est dressé sur le rond-point Schuman à Bruxelles, en septembre 2004. L'agence néerlandaise OMA de Rem Koolhaas l'a édifié à la demande de la Commission européenne. A l'intérieur, un vaste panorama montre l'évolution chronologique de l'Europe «depuis la dérive des plaques continentales à nos jours». Mis au défi de conduire une recherche en «communication d'images» et de formuler des représentations européennes communes, Rem Koolhaas et son équipe ont ici retourné la commande en un dispositif critique. Pas neutre, le choix de la tente de cirque et du panorama, un vieux modèle d'exposition du XIXe siècle. Loin de la vision unitaire recherchée dans ce type de démonstration, apparaît ici le monde fragmenté d'une Europe en «déficit d'image», vouée à rester sans iconographie unique. Le chapiteau est démonté avant la date prévue.

Petites villes. Sans doute, l'Europe communique mieux à ses niveaux infranationaux qu'à celui de ses Etats. C'est même par un effacement de l'Etat que se caractérisent les échanges, qui passent par les villes et influencent leurs destinées économiques et culturelles. Ainsi évoque-t-on aujourd'hui le retour des villes européennes, «on ne dit plus que la ville européenne est obsolète, qu'elle relève de la nostalgie ou du patrimoine, que l'efficacité économique est ailleurs». (1) L'urbanisme européen reprend du poil de la bête, non seulement via ses capitales, mais aussi par beaucoup de ses villes, petites et moyennes, comme Lérida, Tubingen, Birmingham (avec l'impact du grand magasin Selfridges, conçu par Future Systems) ou grandes, comme Rotterdam, dont le centre ferroviaire a été confié à l'urbaniste anglais Will Alsop.

C'est aussi le cas de certaines villes italiennes. Turin est un chantier à grande vitesse, qui depuis l'approbation de son plan d'urbanisme spécial JO en 1995, tente de modifier l'habituel binôme des villes (résidences-équipements) pour des opérations associant public et privé, dans la quête d'une qualité urbaine globale. A Milan, la réouverture toute récente de la Scala, par l'architecte suisse Mario Botta, n'était que le prélude à une salve de spéculations urbaines. En sus du projet de requalification de la foire de Milan, confié aux architectes Daniel Libeskind et Zaha Hadid, à la conception du nouveau siège de la région Lombardie, par Ieoh Ming Pei et Henry Cobb, sir Norman Foster devrait construire un futur quartier, Santa Giulia sur 120 hectares de friches industrielles. A Milan, au total, dix-huit projets publics et privés d'architectes du monde entier représentent une surface de 8 millions de m2. A Rome, où Zaha Hadid conçoit le nouveau musée d'art moderne, la foire s'offre un nouveau quartier d'exposition près de l'aéroport de Fiumicino : le Studio Valle Progettazioni, avec ses 22 pavillons et son centre de direction.

Banane bleue. Jusqu'en novembre, était exposé au Pavillon de l'Arsenal, à Paris, le must des grands projets milanais. D'aucuns relevaient alors «l'ambiance de promotion immobilière contemporaine» qui y régnait. En effet, la ville lombarde est une composante essentielle de la «banane bleue», cette conurbation (de forme banane), visible par satellite, où courent les projets de création architecturaux, depuis Londres jusqu'à l'Italie, via la Belgique, l'Allemagne, la Suisse, et l'Autriche.

Certains évoquent une autre comète innovatrice en matière d'urbanisme citoyen, qui passerait par Barcelone (modèle pour les maires européens), par le nouveau dynamisme portugais, et filerait vers le nord du côté de la Norvège et d'Oslo, avec la firme architecturale Snohetta. Il serait dommage que Paris soit l'une des seules exceptions à ces ambitions urbaines.(1) Dossier Villes européennes, quels modèles ?, revue Urbanisme, nov.-déc. 2004.