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Francesco Forlani bonjour,

À vous de même

De ces deux définitions : vous êtes le correspondant à Paris de la revue Sud, ou plutôt un Italien vivant à Paris qui a en charge la rédaction parisienne de la revue Sud, quelle est la plus appropriée ?

        Dans un dîner peu mondain il y a trois jours de cela, Peter Handke dans un échange "amical" mettait en touche mon désir de "définir" les choses citant Goethe : "laissons les phénomènes tranquilles". Mais, par souci de clarté, je vous répondrais que j'ai réalisé en 2002 qu'une revue historique, Sud, pouvait traverser mon destin et celui de mes amis. Je suis Hermès, donc surtout pas de pieds par terre et un profond sens de l'amitié.

Question large qui en appellera des plus précises : D'où vient Sud ?

       Le sud peut venir de partout. Du nord-est de l'Italie (Trente, Venise) ou des grandes capitales. De toute banlieue confondue. Ce n'est pas l'espace qui compte mais le temps. Peut-on aujourd'hui se définir moderne ? À quel prix ?

Le format, le titre et ses compléments -nous allons-y revenir-, la liste des collaborateurs en Une semble témoigner d'un souci de visibilité et d'une ambition non déguisée ...

      La spontanéité ce n'est pas le spontanéisme. Je garde précieusement la définition (encore elle) que Luis de Miranda m'avait proposé : « bravo à l'un des rares situationnistes non fielleux de la place parisienne.. ».

A propos des compléments de titre justement, "Revue européenne" déclinée en cinq langues mais les textes ne sont qu'en Italien, vous-même êtes traduit ("Cul-de-sac" pp32)

      Cinq, voir plus, ce sont les langues d'origine. Peut-être que dans le futur nous allons avoir une revue Sud on-line qui proposerait les textes d'origine (con testo a fronte). Notre organisation graphique, le grand format (il ne permet pas un nombre important de pages) et les frais de fabrication ne nous permettent pas de répéter les interventions…

Ou encore « Périodique de culture, d'art et de littérature ».... mais à lire le numéro 3, Forza/lavoro, avec une réflexion qui court sur la notion de "métier" n'avez-vous pas oublié le mot politique ?

       Ce n'est pas nous qui avons oublié le politique, c'est plutôt le contraire. C'est le politique qui nous a oublié. Cela dit, parler de mortes blanches sur un numéro consacré au travail à travers les images d'Ernest Pignon-Ernest ou le voyage de Calvino dans les usines ou celui d'un écrivain, Roberto Saviano, dans la camorra napolitaine, ça c'est à mon sens de la politique. Un dessin d'Altan parle politique plus que n'importe quel pamphlet confectionné par la nouvelle gauche ou pire la vieille. Nos auteurs politiques, Jean Claude Michéa ou Wu-ming, Antonio Ghirelli ou Lakis Proguidis, Pajak ou Muñoz, ce sont des descripteurs de la polis, d’abord et puis de ses tics. Parfois le contraire et c'est bien quand même !

Comment se font les choix des textes, leur liaison à l'iconographie : par des comités éditoriaux, techniques, ou le par le libre jeu des associations entre contributeurs ?

       La revue pre-existe. L'idée deleuzienne du rhizomatique s'actualise chaque fois par le biais des passions bonnes. Akusma (projet décennal avec les poètes Giuliano Mesa, Biagio Cepollaro, Andrea Inglese, Marco Giovenale, Mariano Baino, Piero Cademartori, massimo rizzante) l'atelier du roman à Paris (Stanko Cerovic, François Taillandier Beatrice Commengé Milan Kundera Lakis Proguidis, jean philippe Domecq) Paso doble (Philippe Schlienger, Chantal Nau, Franck Lassalle, Esteban Buch, José Munoz, ) et puis les rencontres, qui sont aussi de coups de vent dans des fils d'herbe. Aucun souci de visibilité. C'est de l'amitié et de l'admiration pour certaines visions qui emmènent au bouclage du numéro. Pas de réunion de rédaction mais de textes qui circulent dans une communication préétablie, et très rarement on "refuse" de publier un texte. Celui qui nous parviendra de cythere sera publié, certes, avant qu'on le voit. Et c'est justement parce qu'on l'a déjà vu, entendu, senti, à travers la rencontre avec Philippe (Pogam). Jusqu'ici personne ne nous a contacté pour faire la une…

Pour en revenir à l'internationalisme - avec une forte prépondérance littéraire italo-française - des contributeurs,  quel en est le pacte ?

        On va s'ouvrir de plus en plus à d'autres réalités, mais la question à poser c'est aussi une autre. Yasmina Khadra, c'est un écrivain français, ou arabe? Et Kundera? Arrabal? Je crois que c'est une fausse question. La littérature ne doit pas avoir de frontières. Thème du prochain numéro.

Comment voyez-vous le développement de Sud ?

Le mot développement ne suffit pas aujourd'hui à expliquer l'état et surtout le devenir des choses. Pour le sud comme pour le nord, à nos jours on devrait parler de "enveloppement", s'envelopper (voilà une idée sensuelle et donc politique) à son authenticité. Tout cela pendant que l'ouest et l'est se font la guerre…

(A suivre) Propos recueillis par Cythère critique / mars 2005