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                 CECI SE MANGE T-IL ?

                           Nous vous présentons ici une exposition en pâte feuilletée tant l'intitulé (Littérature et gastronomie) nous a paru propice à la surprise et l'inhabituel (le pic d'étrangeté étant atteint par le poème du dadaiste Ribemont-Dessaignes - en page Cravan et les différentes recettes du Palafox selon Eric Chevillard - voir plus bas).

 

On y trouvera, après un exercice d'admiration de la virtuosité, mais pas seulement, de V.Novarina, les mises en siuation surprenantes de la matière alimentaire par Serena Eller, le défi de Sophie Calle quand elle veut "objectiver" des repas qui existaient seulement dans la chair des mots de Paul Auster, les interrogations de Marcel Broodthaers sur la nature de la création évaluéeà l'aune des formes et matières organiques pour conclure , enfin, par une présentation des cartons publicitaires que rédigeait Arthur Cravan pour des restaurants dans lesquels il avait ses habitudes. Commandes de circonstance qui lui permettaient de financer sa revue de critique littéraire et artistique "Maintenant", sans oublier d'évoquer une pièce -Le banquet du faisan - qui se joue actuellement à Paris.

  


 

 

MAGIE ET DIFFERENCIATION DANS L'ASSAISONNEMENT

 

Transubstantiation :

 

Soit le postulat selon lequel le plaisir serait somme toute un algorithme simple : nature et dosage.

 

Il y dans une certaine littérature française contemporaine une folie au travail qui déboute l'idée de limites autant qu'elle cherche le suc intrinsèque de la langue : la verbophagie. Valère Novarina est verbophage, comme le qualifie Jean-Luc Steinmetz. L'urgence de dire fait sauter du Champion de jeûne de Kafka au jeu de l'abondance décrite.

 

Novarina permute les syllabes comme, sans fin, on refait les appariements des saveurs.

L'un des enjeux de la gastronomie pourrait résider non dans sa stricte capacité à innover, ce serait du positivisme culinaire, mais plutôt à surprendre, comme les avant-gardes littéraires tentèrent de le mettre en oeuvre par l'esthétique de la surprise chez Apollinaire ou les futuristes italiens, l' Ostranienie - sentiment d'étrangeté - chez les formalistes russes, ou le Verfremdungseffekt -l'effet d'étonnement - brechtien. Mutation de la sensibilité, donc.

 

Novarina est d'accord avec Paul Valery lorsqu'il dit : Un lion n'est que du mouton assimilé ; de la même façon se tisse l'écriture. Novarina dévore - Jean de La Croix, François d'Assise... - et transforme, recrache. Mais il possède également l'art patissier : la multiplication des couches textuelles déroute toutes les géographies de l'appréciation et du jugement. Novarina pose des équations insensées aux résultats évidents lorsqu'on les goûte. A nous se pose la question : quelle est la charge nutritive de Novarina ? Indéniablement : un sentiment de satiété inhabituelle : une ébriété sans gueule de bois, une nouvelle épaisseur du texte.

 

Novarina illustre combien l'art, la littérature, ne sont jamais mimesis ; il faut lire Novarina à voix haute, avec la bouche


Rencontre : Maryline Desbiolles

(le 18/10  à 17h 45)

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