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                  Une fois n'est pas coutume. Dans cette nouvelle tribune nous laissons volontiers la plume à Michel Fingerhut de l'IRCAM - centro di ricerca musicale - Centre Pompidou). Alors que Google annonce son projet de numérisation d'un nombre considérable d'ouvrages et leur mises en ligne, de nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer les dangers d'une telle entreprise si elle n'était pas mise en concurrence avec des projets similaires non anglo-saxons et si de plus une réflexion sur la notion même de patrimoine culturel et les conditions d'y accéder n'était pas engagée.

Quand sortira-t-on du virtuel pour entrer enfin dans le reel...

"Il existe un tableau de Klee qui s'intitule Angelus Novus. On y voit un ange qui a l'air de s'éloigner de quelque chose qu'il fixe du regard.
Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées. C'est à cela que doit ressembler l'Ange de l'Histoire. Son visage est tourné vers le passé. Là où nous apparaît une chaîne d'événements, il ne voit, lui, qu'une seule et unique catastrophe, qui sans cesse amoncelle ruines sur ruines et les précipite à ses pieds. Il voudrait bien s'attarder, réveiller les morts et rassembler ce qui a été démembré. Mais du paradis souffle une tempête qui s'est prise dans ses ailes, si violemment que l' ange ne peut plus les refermer. Cette tempête le pousse irrésistiblement vers l'avenir auquel il tourne le dos, tandis que le monceau de ruines devant lui s'élève jusqu'au ciel. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès." (Walter Benjamin, Oeuvres III, folio essais, 1991, p. 434,).

La tempête de Google nous pousse tous ; dans quelle direction, ce n'est pas clair, mais un monceau de ruines menace de s'amasser sur les traces de ce tsunami annoncé. En effet, dans sa dernière lettre "FYI France",
Jack Kessler fait part des intentions avérés de cette société, annoncées lors de la réunion de ses actionnaires dont il fait partie, d'une façon très synthétique: dans ce qui porte déjà le nom de "The Onebox", la Case Universelle, qui représente ce qu'Eric Schmidt, PDG de Google, décrit comme l'objectif de sa société: "Organize the world's [all of it] information [all of it] so it will be universally [to everyone] accessible [via all 'devices'] and useful..." - y concentrer toute l'information du monde pour un accès universel. Et cela ne manquera pas de rapporter encore plus gros aux investisseurs qui pourraient s'inquiéter sur une possible orientation philanthropique de "leur" entreprise (comme le dit Jack: "investors always want to know whether they are funding a charity or a money-making enterprise"): tous ces développements ne feront qu'accroître les revenus, et "If you do business with Google you will pay: the lunch will be delicious, but it will not be free." (si vous faites affaire avec Google, vous payerez; le repas sera délicieux, mais il ne sera pas gratuit).[...]

[...] Cela a le mérite d'être clair: après les ordinateurs (IBM), les logiciels (Microsoft), voici l'information (Google). Avec plus de 3000 employés et recrutant à tour de bras, Google est en passe de réussir encore mieux dans son entreprise. Ils veulent changer la face du monde (câblé) comme l'ont fait leurs prédécesseurs.

Et pourtant, le grand auditorium de la Bibliothèque nationale de France était assez vide, lors de la table ronde professionnelle « Les bibliothèques virtuelles européennes : état de l'art et stratégies » qui s'est tenue vendredi dernier (il 13/05) de 14h à 18h, malgré l'annonce qui en avait été faite ici et ailleurs.  Manque d'intérêt ? Fatalisme ? Difficile à dire. Il se peut, comme le disait Chris Batt (du Conseil des musées, bibliothèques et archives du Royaume Uni) qu'il ne faille pas réagir - et surtout pas dans l'urgence. Mais il me semble que sa vision utopique de  l'intégration du savoir dans la vie au quotidien risque d'être dépassée par les événements actuels, en
l'occurrence le projet concret de Google, même si je ne critique en rien les objectifs qu'il propose, bien au contraire.

Outre la paucité de public, j'ai été frappé par la différence d'échelle qui existait entre les tailles - et les moyens - des bibliothèques nationales représentées et des projets qu'ils pouvaient mettre en oeuvre, de Gallica (par exemple) à la collection de la photothèque de la bibliothèque nationale d'Irlande qui, par manque de personnel et de moyens technique, avait dû en sous-traiter la  numérisation ; par la fragmentation et le manque de coordination nationale dans certains pays et a fortiori internationale, malgré des projets tels que Minerva, en ce qui concerne la réalisation d'une bibliothèque numérique virtuelle (et non pas uniquement d'un catalogue commun de contenus numérisés, comme l'est actuellement le projet The European Library) ; par l'inertie que la taille de certains organismes fait poser sur l'évolution de leur vision hégémonique du monde.

Jean-Noël Jeanneney, qui a ouvert cette table ronde, a bien posé les enjeux européens et multilatéraux de diffusion, de défense et d'illustration de la culture (pour lesquels nous avons tous besoin les uns des autres) ainsi que ceux de l'organisation du savoir (où le rôle des bibliothécaires est plus que jamais nécessaire), afin de dépasser une perspective uniquement anglo-saxone et "profit-making", ce qui n'exclut en rien de s'accommoder et de tirer profit des technologies, ni d'articuler un tel projet sur un partenariat entre le public et le privé. Mais le projet qu'il évoque est encore flou : s'agit-il d'une sorte de bibliothèque nationale européenne, réunissant les fonds numériques des bibliothèques nationales de chacun des pays, ou la bibliothèque des européens, fédérant [toutes] ses bibliothèques, petites ou grandes ?

L'histoire se répète : dans les années 80, le réseau de communication informatique BITNET (qui avait émergé d'un immense réseau interne à IBM) possédait une structure essentiellement pyramidale (ou arborescente) ; il finit par être détrôné par le réseau TCP/IP (l'internet actuel), qui possède un maillage bien plus libre. Aujourd'hui, toute personne ou organisme peut se raccorder à ce réseau, pour peu qu'elle ait les logiciels adéquats (et un fournisseur d'accès). Les ordinateurs qui s'y trouvent, même les plus petits, peuvent être utilisés dans leur temps libre pour des finalités collaboratives à l'échelle mondiale tels que les prédictions atmosphériques (le projet climateprediction.net), ou la recherche de pulsars (le projet Einstein@home) par l'entremise de logiciels tels que BOINC (http://boinc.berkeley.edu).

Je verrais bien la bibliothèque européenne du futur sous forme d'un réseau dynamique permettant le raccordement de bibliothèques petites et grandes - certifiées, c'est essentiel (autant pour la "validité" des
fonds que l'adéquation technique) -, avec leurs fonds numérisés (qu'ils auraient constitués selon leurs propres critères), s'intégrant facilement dans un maillage (utilisant probablement des protocoles de type OAI plutôt que Z39.50) qui offrirait, entre autres outils,
recherche dans les contenus et accès réparti (DOI?) à l'ensemble des fonds ainsi disponibles, de façon répartie.

Je préférerais bien évidemment ce modèle plus dynamique à celui dans lequel les petites institutions auraient à "déléguer" leurs fonds numériques à de plus grandes institutions, qui seraient les seules à décider du choix des documents qui feraient partie de "la" collection européenne - qui n'est pas sans rappeler le modèle que semble viser actuellement Google pour les fonds universitaires qu'il veut numériser et héberger. Un tel modèle ne réduit pas le rôle des bibliothèques nationales, plus à même d'établir un tel dispositif (ouvert, et qui ne se réduise pas uniquement à elles), et qui ont la charge et les moyens de conservation (physique et numérique) à long terme pour assurer la pérennité du patrimoine (en utilisant, pour le numérique, OAIS par exemple).

À l'inverse, je le préfère aussi à celui de Jacques Attali, qui débattait hier sur ce sujet avec Jean-Noël Jeanneney (1) sur France Culture, et qui défendait essentiellement le modèle Google, dans une vision idyllique du livre numérique disponible partout, qu'on lit en payant à la carte et qu'on imprime chez soi (bonjour le prix du papier et la mort plus rapide des forêts), l'internet devenant la bibliothèque du futur hors toute autorité centralisée, et sur laquelle je m'étais déjà exprimé il y a plusieurs années
.(lire ce texte)
Entre temps, Google avance.


Michel Fingerhut

Date : Tue, 17 May 2005 10:20:23 +0200

(1) Président de la BNF

 


          Una rondine non fa primavera. In questa nuova tribuna lasciamo volentieri la piuma a Michel Fingerhut del IRCAM - centro di ricerca musicale - Centro Pompidou). Mentre Google annuncia il suo progetto di digitalizzazione di un numero considerevole di lavori e la loro messa in linea, numerose voci si alzano per denunciare i pericoli di tale impresa se non viene messa in concorrenza con progetti simili non anglosassoni e se inoltre non viene fatta una riflessione anche sulla nozione di patrimonio culturale e sulle condizioni di accesso non fosse iniziato.

 

Quando si uscirà dal virtuale per entrare infine nel reale...

"Esiste un dipinto di Klee che si intitola Angelus Novus. Mostra un angelo che ha l'aria di allontanarsi da qualcosa che fissa con lo sguardo. Gli occhi spalancati, la bocca aperta, le ali spiegate. Probabilmente è a questo che deve somigliare l'Angelo della storia. Il suo viso è girato verso il passato. Dove a noi appare una catena di eventi, lui vede soltanto una sola ed unica catastrofe, che incessantemente accumula rovine su rovine e le fa cascare a suoi piedi. Desidererebbe soffermarsi, risvegliare i morti e rimettere insieme ciò che è stato smembrato. Ma dal paradiso soffia una tempesta che si è impigliata nelle sue ali, così violentemente che l'angelo non può più richiuderle. Questa tempesta lo spinge irresistibilmente verso il futuro al quale volta le spalle, mentre il mucchio di rovine di fronte a lui si innalza fino al cielo. Questa tempesta è ciò che chiamiamo il progresso." (Walter Benjamin, Oeuvres III, folio prove, 1991, p. 434).

La tempesta di Google ci spinge tutti ; in quale direzione non è chiaro, ma un mucchio di rovine minaccia di ammassarsi sulla scia di questo tsunami annunciato. Infatti, nella sua ultima lettera "FYI Francia", Jack Kessler tratta delle intenzioni dichiarate di questa società, annunciate nella riunione degli azionisti in modo molto sintetico: in ciò che porta già il nome di "The Onebox", la scatola universale, che rappresenta ciò che Eric Schmidt, presidente di Google, descrive come l'obiettivo della sua società: "Organize the world's (all of it) information (all of it) so" it will be universally (to everyone) accessibile (via all 'devices ') and useful..." - concentrare tutta l'informazione del mondo per permetterne un accesso universale. E ciò non trascurerà di portare un vantaggio ancora maggiore agli investitori che potrebbero occuparsi di un possibile orientamento filantropico della "loro" impresa (come dice Jack: " investors always want to know whether they are funding a charity or a money-making enterprise") : tutti questi sviluppi non faranno che aumentare i redditi, e "If you do business with Google you will pay: the lunch will be delicious, but it will not be free." (se avete fatto affari con Google, pagherete; il pasto sarà delizioso, ma non sarà gratuito).

A questo bisogna riconoscere il merito di essere chiaro: dopo i computers (IBM), i software (Microsoft), ecco l'informazione (Google). Con più di 3000 dipendenti e reclute che lavorano a pieno ritmo, Google è sul punto di riuscire meglio ancora nella sua impresa. Vogliono cambiare la faccia del mondo (cablato) come lo hanno fatto i loro predecessori.

E tuttavia, la grande sala della Biblioteca Nazionale di Francia era mezza vuota, in occasione della tavola rotonda professionale "le biblioteche virtuali europee: stato dell'arte e strategie" che si è tenuto venerdì scorso delle 14 alle 18, nonostante la pubblicità che era stata fatta qui ed altrove. Mancanza d'interesse? Fatalismo? Difficile da dire. Può darsi, come diceva Chris Batt (del Consiglio dei musei, biblioteche ed archivi del Regno Unito) che non occorra reagire - e soprattutto non nell’immediato. Ma mi sembra che la sua visione utopistica dell'integrazione della conoscenza nella vita di ogni giorno rischi di essere superata dagli eventi attuali, nello specifico il progetto concreto di Google, anche se non critica affatto gli obiettivi che propone, anzi.

Oltre la scarsità di pubblico, sono stato colpito dalla differenza di scala che esisteva tra le dimensioni - ed i mezzi - delle biblioteche nazionali rappresentate e dei progetti che potevano attuare, a partire da Gallica (ad esempio) alla raccolta della fototeca della Biblioteca nazionale d'Irlanda che, per mancanza di personale e di mezzi tecnici, aveva dovuto darne in subappalto la digitalizzazione; dalla frammentazione e dalla mancanza di coordinamento nazionale in alcuni paesi ed a maggior ragione internazionale, nonostante progetti come Minerva, per quanto riguarda la realizzazione di una biblioteca digitale virtuale (e non soltanto di un catalogo comune di contenuto digitalizzato, come è attualmente il progetto The European Library); dall'inerzia che la dimensione di alcuni organismi fa pesare sull'evoluzione della loro visione egemonica del mondo.

Jean-Noël Jeanneney, che ha aperto questa tavola rotonda, ha posto una per una le sfide europee e multilaterali di diffusione, di difesa e d'illustrazione della cultura (per le quali abbiamo tutti bisogno gli uni degli altri) e quelle dell'organizzazione della conoscenza (dove il ruolo dei bibliotecari è più che mai necessario), per superare una prospettiva soltanto anglosassone e "profit-making", cosa che non esclude affatto di adattarsi e trarre vantaggio dalle tecnologie, né di articolare tale progetto su un partenariato tra il pubblico ed il privato. Ma il progetto di cui parla è ancora sfuocato: si tratta di una sorta di biblioteca nazionale europea, che riunisce i fondi digitali delle biblioteche nazionali di ogni paese, o di una biblioteca degli europei, una federazione di (tutte) le sue biblioteche, piccole o grandi?

La storia si ripete: negli anni 80, la rete di comunicazione informatica BITNET (che era emersa di una rete immensa interna ad IBM) possedeva una struttura principalmente piramidale (o ad albero); alla fine è stato sostituito dalla rete TCP/IP (l'Internet attuale), che possiede una trama molto più libera. Oggi, qualsiasi persona o organismo si può collegare a questa rete, sempre che abbia i software adeguati (ed un fornitore d'accesso). I computer che abbiamo, anche i più piccoli, possono essere utilizzati durante il tempo libero per finalità di collaborazione su scala mondiale come le previsioni atmosferiche (il progetto climateprediction.net), o la ricerca di pulsars (il progetto Einstein@home) attraverso la mediazione di software come BOINC (http://boinc.berkeley.edu).

Vedrei bene la biblioteca europea del futuro sotto forma di una rete dinamica che permette il collegamento di biblioteche piccole e grandi - certificate, è essenziale (sia per la "validità" di fondo che per l'adeguatezza tecnica) -, con i loro fondi digitalizzati (che costituirebbero secondo i loro criteri), che si integrano facilmente in una trama (utilizzando probabilmente protocolli di tipo OAI piuttosto che Z39.50) che offrirebbe, tra gli altri strumenti, la ricerca nei contenuti e l’accesso ripartito (DOI?) all'insieme dei fondi così disponibili, in modo ripartito.

Preferirei ovviamente questo modello più dinamico a quello nel quale le piccole istituzioni dovrebbero "delegare" i loro fondi digitali a più grandi istituzioni, che sarebbero le sole a decidere la scelta dei documenti che farebbero parte "della" raccolta europea - che comunque ricorda il modello a cui sembra puntare attualmente Google per i fondi universitari che vuole digitalizzare ed ospitare. Tale modello non riduce il ruolo delle biblioteche nazionali, che sono più in grado di stabilire un tale dispositivo (aperto, e che non si riduca soltanto ad esse), e che hanno la mole ed i mezzi di conservazione (fisica e digitale) a lungo termine per garantire la perennità del patrimonio (utilizzando, per il digitale, OAIS ad esempio).

Dall’altro lato, lo preferisco anche a quello di Jacques Attali, che discuteva ieri su quest'argomento con Jean-Noël Jeanneney (1) su France culture (canale culturale radiofonico del servizio pubblico francese - ndt), e che difendeva principalmente il modello Google, in una visione idilliaca del libro digitale disponibile ovunque, che si legge pagando alla carta e che si stampa a casa propria (considerando il prezzo della carta e la morte più rapida delle foreste), internet diventando la biblioteca del futuro fuori da ogni autorità centralizzata, e sulla quale mi ero già espresso molti anni fa. (vedi testo)
Nel frattempo, Google avanza.


Michel Fingerhut

(Martedi 17 Maggio)

(1) Presidente della Bibliothèque nationale de France

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